Faut-il vraiment lâcher prise ? Ce que personne ne vous dit
- Nathalie Martin
- 20 mai
- 4 min de lecture
On entend souvent parler de lâcher-prise comme d’un remède miracle dans le développement personnel. Mais que se passe-t-il réellement quand on croit avoir lâché… alors qu'on est encore en train de tenir ?Et si on se trompait d’objectif en voulant "lâcher" à tout prix ?

Le mythe du lâcher-prise : entre concept et illusion
Dans mes accompagnements, j’entends souvent :« Je sais, il faut que je lâche prise. » Mais le ton, le regard, l’attente dans la voix… tout montre que ce n’est pas encore intégré.
On le dit comme une formule apprise, un conseil que l’on se répète pour se rassurer.Mais en pratique, ce lâcher-prise-là est souvent un contrôle déguisé. On lâche… mais on garde un œil sur le résultat. On lâche… mais on attend que ça bouge.
Le développement personnel a tendance à transformer des notions profondes en slogans creux. Et si on arrêtait de faire du lâcher-prise un concept mental pour le vivre enfin comme une posture intérieure authentique ?
Une expérience personnelle : quand le lâcher-prise devient réel
J’ai moi-même été confrontée à cette nuance lors d’un événement marquant : le piratage de ma chaîne YouTube. Le support technique m’annonce un rétablissement sous 48 heures. Je peux composer avec. Deux jours, je sais faire. Je peux lâcher.
Mais quand la situation a duré… quatre mois, c’était une autre histoire. Je n’avais plus aucun contrôle. Aucune réponse. Rien à faire pour accélérer le processus.
C’est là que le vrai lâcher-prise m’a été demandé. Pas en théorie. Pas en parole. Mais dans le quotidien, dans mes émotions, dans mon niveau d’ancrage. Parce que sinon, j’allais me faire vivre l’enfer : frustration, colère, projections, insomnies, peur.
Ce moment-là a été un tournant. Il m’a appris que le lâcher-prise, ce n’est pas une option de confort. C’est un choix de survie émotionnelle face à ce que je ne maîtrise pas.
Et vous, sur quoi n’arrivez-vous pas à lâcher prise ?
Je vous propose un exercice simple. Prenez un papier. Écrivez tout ce à quoi vous vous accrochez en ce moment. Tout ce qui vous tend, tout ce qui vous fait ruminer, tout ce que vous voulez absolument contrôler.
Ça peut être une relation. Une situation professionnelle. Le comportement d’un enfant. Votre santé. Un projet qui stagne. Et maintenant, demandez-vous pour chaque point : est-ce que ça dépend de moi ?
C’est là que tout commence à se clarifier. Ce que je contrôle, je peux y mettre mon énergie. Ce que je ne contrôle pas, je peux choisir d’arrêter de m’y épuiser.
Ce que vous contrôlez : il ne faut surtout pas lâcher
C’est un contresens courant dans le développement personnel : croire que lâcher prise, c’est tout laisser tomber. Non. Sur ce qui dépend de vous, il est hors de question de lâcher prise. Là, c’est l’inverse qu’il faut faire : prendre prise.
Agir. Poser des décisions. Aller là où vous avez peur. Dire ce qu’il y a à dire. Parce que personne ne le fera à votre place.
Votre vie ne vous demande pas toujours de lâcher. Parfois, elle vous demande du courage. Elle vous demande de faire ce que vous différez depuis trop longtemps. Elle vous demande de vous lever, même tremblante, pour poser l’action juste.
Ce que vous ne contrôlez pas : là commence le vrai lâcher-prise
Il y a des situations où vous n’avez aucun pouvoir, des gens qui vous échappent, des événements qui ne dépendent pas de vous, des décisions extérieures.
Lâcher prise, ici, c’est arrêter de vous raconter que si vous y pensez plus fort, ça va se régler.C’est reconnaître que vous n’avez pas la main, et que ce n’est pas un échec. Car vouloir tout contrôler, tout comprendre, tout maîtriser… C’est le chemin le plus rapide vers l’épuisement.
Le piège des histoires qu’on se raconte
Il y a une phrase qu’on sort souvent :« C’est plus facile à dire qu’à faire. » Je la connais bien. Je l’ai utilisée, mais avec le temps, j’ai réalisé que cette phrase est un rideau de fumée. Une manière de justifier l’inaction.
Parce que tout est plus facile à dire qu’à faire. Mais ce n’est pas une raison pour ne rien faire. On n’a pas besoin d’être prête à 100 % pour avancer.On a besoin d’oser faire ce premier pas, même imparfait, même bancal.
Prendre conscience de ses schémas d’auto-sabotage
Pendant longtemps, je créais de la distraction dans ma vie. Juste avant chaque grand saut dans mon activité, je déclenchais une crise dans mon couple. C’était inconscient, bien sûr, mais répétitif. Je mettais une énergie folle à détourner mon attention, à créer des conflits et du coup, je pouvais dire : « Je ne peux pas avancer, regarde ce que je vis. »
C’était une stratégie de diversion. Mon cerveau avait peur du prochain niveau, alors il m’envoyait ailleurs.
Quand j’ai vu le schéma, j’ai pu le désamorcer, mais tant que je ne le voyais pas, il se répétait. Comme ce bout de salade entre les dents qu’on ne peut pas retirer… tant qu’on ne sait pas qu’il est là.
Conclusion : ne vous trompez pas de cible
Lâcher prise, ce n’est pas abandonner. C’est arrêter de s’acharner là où l’on n’a pas la main. Et c’est aussi, parfois, refuser de lâcher, parce qu’il y a une action à poser, un pas à faire, une responsabilité à prendre. Vous n’avez pas à tout porter, mais vous avez à reconnaître là où la vie vous appelle à vous engager.
Posez-vous cette question : Ma vie me demande quoi, là, maintenant ? Et si la réponse vous fait peur, c’est peut-être que vous êtes exactement au bon endroit. Car le vrai pouvoir, ce n’est pas de tout contrôler. C’est de discerner ce qui mérite votre énergie… Et ce qui mérite votre paix.
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